29 mai 2008

25 mai 2008 : Premier Marathon

Prélude

Bon, après quelques semaines d'entrainement, me voici, le soir précédent le Marathon avec une inquiétude naturelle, au moment de mettre le réveil à 4h45 du matin. C'est souvent à ce moment que l'on se sent un peu fou et absolument pas préparé. Avec mon compagnon d'aventure, Marc, nous sourions à cette pensée puis fermons la lumière vers 21h.

Réveil

Une bonne mais courte nuit de sommeil plus tard et le branle-bas de combat commence en silence pour ne par réveiller toute la maisonnée (un grand merci à Patrick et à toute sa famille pour leur accueil chaleureux et très apprécié). Nous quittons Ramseyville pour le centre ville d'ottawa et, grace au GPS et à la reconnaissance de la veille, nous arrions pile-poil sur le site vers 5h50. Il faisait 4 degrés à Ramseyville et environs 8 degrés ce qui est assez frais tout de même.

Ottawa centre ville

Nous sommes les deuxième à la table qui distribue les dossards (petit message à l'organisation : ce n'est pas très pratique de fermer la table de remise des dossards la veille à 15h. Lorsqu'on vient de l'extérieur cela nous oblige à nous lever pas mal plus tôt !). Bref, nous récupérons la trousse du parfait Marathonien qui contient un dossard, une puce électronique, un sac et un T-Shirt technique. Là commence l'attente et la préparation : comme le temps passe nous en profitons pour aller aux toilettes, enlever une couche et finalement, attacher la puce électronique sur les chaussures, attacher le dossard et finalement, donner le sac à la consigne. Nous convenons également d'un point de rendez-vous après la course : d'abord les médailles puis l'endroit ou nous avons récupéré les dossards ce matin.

Attente

L'attente est toujours ... longue avant une course. Celle-ci ne fait pas exception. Premier marathon pour Marc et moi. Nous allons tranquillement vers ce qui correspond au temps que nous visons soit le "corridor" 3h00 à 3h30. Le prénom des participants est installé sur chaque dossards et cela permettra de discuter ... plus tard. Tout le monde sautille (il ne fait pas très chaud), se regarde, regarde son cardiofréquence mètre, bref, stress ou déstress comme il peut.

Alors que j'ai une fréquence au repos de 40-50 et disons de pré-entrainement de 70 je suis plutôt à 100 ... en ne faisant rien. Là encore, expression du stress ou de la testosterone, je n'en sais rien mais c'est tout de même assez reproductible dans mon cas. Naturellement, la musique, l'ambiance et l'animateur contribuent à faire monter la pression.

Il y a dans cette foule bigarée de multiples couleurs, de multiples tenues et autant de différence que l'humanité peut en porter. Pour cette grande fête de l'athlétisme, certains portent peruque, cravate, oreilles de lapins (se sont les "bunnies" ou meneurs d'allure qui ont pour rôle d'emmener ceux qui les suivent en un temps déterminé écrit sur leurs oreilles à l'arrivée). De nombreuses langues sont pratiquées avec une dominante pour l'anglais et le français.

Départ

Marc et moi sommes un peu deçus car il n'y a pas de coup de pistolet ou de canon mais plutôt un hurlement dans le micro ;-) Les fauteils roulants partent en premier puis ... cette marée humaine se met en route. Je ne sais pas combien nous étions au début mais c'est incroyable de voir tout ce monde et de ressentir toute cette énergie en train de véritablement "exploser".

Marc et moi décidons de "partir doucement" et de faire un bout de route ensemble. Quoique l'objectif soit de "partir doucement", le soleil qui commence à réchauffer l'athmosphère et l'ambiance si particulière qui reigne fait que nous "suivons la foule".

Après quelques centaines de mètre, je me débarasse de mon vieux T-Shirt d'attente qui me tenait chaud pour ne garder que ma tenue de course. Marc, cela ne surpendra personne, est la seule personne que j'ai vu à avoir un maillot à manches longues (frileux Marc ?).

Les premiers kilomètres sont enchanteurs : plein de monde partout, une foule en délire mais ... cela monte toute de même pas mal. À ce stade, on se sent léger comme l'air, porté par un faux rythme et ... en pleine forme ! Après le premier pont, Marc et moi nous séparons : Marc trouve qu'il va trop vite et moi trop doucement : ceci était prévu mais c'est toujours un peu dur de se séparer ;-)

Course 1 : 12 premiers kilomètres

Grace à Fernando, que je remercie ici, je me suis préparé à faire quatre courses soit 3 de 12 km et une de six. Cela fait du sens car je compte courrir à 12km/h ou un peu plus vite si mes jambes me le permettent. Également, tout le monde m'a mis en garde contre le "mur du trentième" j'ai décidé de le retarder au 36 ème ;-)

Les 12 premiers kilomètres vont très bien. Je décide de suivre une personne avec qui j'ai couru pendant les 6 premiers kilomètres : Jim. Il a déjà couru plusieurs marathon et vise 3h20 à 3h10. Enfin cela c'était avant son petit accident de vélo : il s'est cassé la clavicule et il court donc avec une attelle ! En théorie il doit encore prendre deux semaines de repos mais il se sentait bien et a décidé de courrir quand même. Il fait du duathlon (Vélo + Course à pieds) et est tombé de vélo. Étant moi même coutumier des blessures à l'épaule, nous en discutons chemin faisant.

Le rythme est meilleur que celui que j'ai suivi à l'entrainement, c'est sur, mais je me sent bien et je suis en bonne compagnie alors ... on déroule ! Jim connait bien le parcours et il a déjà fait plusieurs fois Ottawa et il me fait découvrir la ville et ses secrets. Une des différences importantes entre le rythme de Jim et le mien sont les montées : si j,avais été tout seul, j'aurais clairement ralenti dans les montée. Lui, il ne lâche pas le rythme et "fonce" donc (en vitesse relative) dans les montées tout en attaquant les descentes. Je m'accroche à cela . . .

En passant, Fernando m'a dit que le marathon d'Ottawa était ... plat. C'est faux ! Lecteurs, sachez le. Dans coin de Gatineau, il y a pas mal de bonnes montées / bon faux plats. De plus, on traverse beaucoup de rivières et de ponts ce qui se caractérise toujours par ... une monté.

En en rigolant avec Jim il me dit que cela n'est sensible qu'au début, après, et vers la fin, on a l'impression que ... cela monte toujours ;-)

Course 2 : Kilomètres 12 à 24

Rien à signaler ici. Les ravitaillements sont tous les 3 km et je n'en manque aucun. Gatorade d'abord et eau ensuire. J'ai pris le parti de marcher à chaque fois pour pouvoir boire correctement. Je ne suis pas le seul. La chaleur commence à monter. J'avais compté sur de l'alimentation solide au début mais il n'y en a pas : pas de banane, raisin sec, orange. Simplement la triste routine qui s'installe : eau + Gatorade. Pas de gel non plus et je regrette de ne pas en avoir pris en réserve. Pour une fois j'ai pris le pari de courrir sans rien (pas de gel, pas de ceinture avec bidon, nada !).

Un point particulier est, bien sur, le semi-marathon qui marque la mi-parcours. J'y suis en 1h39 ce qui est bien par rapport à mon objectif global (<3h30). size="5">Course 3 : Kilomètres 24 à 36

Je récupère du gel à je ne sais plus trop quel station et cela me fait du bien même si ce n'est pas vraiment solide. Besoin augmentant d'aller aux toilettes malheureusement, la zone est plutôt urbaine dans le coin.

M'enfin, vers le km 27 je trouve des toilettes chimiques au poste de ravitaillement et je m'allège rapidement. J'ai perdu Jim à l'occasion de cet arrêt obligatoire. Je prend tout de même un ou deux kilomètre pour le rattraper et je ne fait plus que suivre en récupérant de cette effort.

Mon capteur de vitesse me dit que nous avons ralenti pas mal depuis le début et nous avons du mal à maintenir le 12km/h de moyenne. Les montés sont nettement plus pénibles et ... pas question d'accélérer en montant ou de faire les fiers ;-) La conversation est également plus réduite. Jim a mal à l'épaule même si il ne me le dit pas clairement alors on parle d'autre chose : architecture d'Ottawa, oh ... le beau canal, etc.

Vers le kilomètre trente, je décide d'essayer de suivre un rythme de 12km/h jusqu'à la fin et je quitte donc Jim à au ravitaillement.

Étrange et agréable de se retrouver "seul". "Seul" entre guillemets, car en fait, il y a du monde partout qui nous encourage et crie "Aller benoit", "Let's go Benoit", "You're looking great", etc.

Mine de rien, c'est très efficace et je ne manque jamais de remercier ces supporters par un signe de tête ou par un "merci/thank you". De nombreux enfants sont présent par cette belle journée et je ne manque jamais, également, de claquer ces petites mains tendues.

Il y a des kiosques d'animation et d'encouragement : musique blues, country, rock. Un des groupes joue les Blues Brothers et ... c'est reparti !

La dureté mentale (j'ai vu le film "les Boys") commence ici pour moi. Pas question de lâcher mon 12km/h. Je ne fait plus que ralentir aux postes de ravitaillement car repartir est de plus en plus pénible et difficile. On commence à voir marcher de nombreux courreurs. Dans ma tête je sais que si je commence à marcher ... je finirais en marchant.

Mettons cela tout de suite au clair : j'admire tout le monde, y compris ceux qui sont forcés de marcher. Je les admire d'ailleurs car la plupart repartent en courant et ... je ne suis pas certain que, si cela m'arrivait, j'en aurais la force ou la volonté.

Dernière course : 36km à 42.195

J'arrive finalement au kilomètre 36. C'est pour moi le dernier droit, la dernière petite portion à finir. Un entrainement de 6km : facile comme tout, agréable.

Bien sur, il n'en a rien été ! La chaleur commence à gagner du terrain et il doit faire dans les 22 degrés. Des postes "à eau" font leur apparition et les verres d'eau finissent le plus souvent sur moi qu'ailleurs. Mais enfin, pas de problème mécanique, pas de problème d'alimentation (j'ai repris deux gels et je vais les terminer d'ici la fin de l'épreuve) mais simplement une certaine usure et une difficulté à faire un geste économique et performant.

Bref, à rythme cardiaque égal je vais à 1km/h de moins qu'au début. Pendant les 4 premiers kilomètres de cette course, je roule en dessous de 12km/h.

J'ai maintenant assez mal au pied gauche et je sent maintenant clairement une grosse ampoule : j'essaye sans trop de succès de trouver une démarche qui ne la sollicite pas trop. Mais bon, il ne reste que quelques km me dis-je, une bricole.

Mes cuisses chauffent, même sans soleil et je peux quasiment sentir l'acide lactique. Les derniers kilomètres sont le long du canal rideau et je me demande ou est l'arrivée. De l'autre coté du canal, on voit des courreurs et j'espère qu'il n'y a plus de pont à monter.

Le public est véritablement un moteur ici : beaucoup de monde et tout le monde nous encourage "keep this rythm", "you look great", "only two kilometres, let's go" et ... petit à petit, l'allure augmente. Cette fois, pas question d'en garder en réserve.

La fin du parcours est montant et, après le dernier kilomètre, on entre dans le décompte des mètres 750m, etc. À ce stade, je me suis toujours dit que je voulais finir en sprintant alors ... c'est parti mon kiki.

Mais disons qu'un "sprint" de 800m c'est quand même long. Bref, ce n'est certainement pas un sprint qui restera dans les annales de l'athlétisme mais au point ou j'en suis rendu c'est un très bel effort. Même après 42km, il y a une certaine compétition : des barrières empêchent le contact avec le public et tout le monde donne tout ce qu'il a !

J'arrive finalement en 3:26:43 d'après ma montre, ce qui donnera finalement
3:26:44.0 d'après la puce électronique (c'est à dire depuis la ligne de départ jusqu'à la ligne d'arrivée) et 3:27:15.7 après le départ officiel.

Récupération

À l'arrivée je suis tout simplement vidé/mort/crevé ! Dès que je m'arrête (après un "sprint"), je ressent une profonde fatigue et mes quadriceps sont brulants et très raides. Mes bras également. Après quelques minutes je continue vers la "sortie des artistes". Je rencontre Martin Lamontagne-Lacasse (triathlète de renom et fondateur du club de triathlon de Sherbrooke).

Des volontaires récupèrent la puce élecronique et je prend bien soin de me mettre à l'ombre. Pas trop faim alors je me force un peu à manger : quart de bagel, demi banane, quartier d'orange et boisson de récupération au chocolat.

Tentative pour s'étirer mais il n'y a pas grand chose qui fonctionne ;-) Juste marcher commence à faire mal (grosse ampoule au pied gauche + quadriceps très très raides). Plus cela refroidit, plus je suis raide. J'ai froid également malgré le soleil et la chaleur donc je récupère le sac et me change rapidos + huile solaire car ... le soleil donne!

Retrouvaille de Marc qui ne m'avait pas vu au point de rendez-vous (j'étais étalé par terre pourtant) et ... qui commencait à avoir froid. Il a terminé en 3h46 et cela a bien été pour lui (je vais lui demander de blogger, on verra bien !).

Recherche de cadeau pour les enfants (les miens et ceux de Patrick) sans trop de succès : rien à vendre et il ne reste plus grand chose. Il y a une course qui débute (un 2km familial si j'ai bien compris) et encore des milliers de personnes partout partout.

Récupération 2

Encore un grand merci à Patrick et à toute sa famille qui nous avait préparé un repas qui a été très apprécié. Juste après la marathon : pas trop faim non plus mais l'appétit vient en mangeant visiblement !

Lundi : je me sentais clairement plusieurs années en plus. Disons une quarantaine et descendre les escalier ou s'asseoir était un beau défi.

Mardi : encore des raideurs mais on a tout de même descendu six étages à pieds (l'ascenceur chez un de nos clients était en panne !). Séance de marcheur elliptique pour moi et tout va bien à bord.

Mercredi : Bonne séance de natation (2km) et des "menaces" de crampes au molet sur la fin quand j'ai accéléré.

Voila, fin de l'histoire et la suite au prochain billet. Objectif Ironman à Montréal en septembre si l'entrainement se passe bien !

Référence :

http://www.ncm.ca/index.php/fr/ing