17 septembre 2008

13 septembre 2008 : Me voici un ironman (Montréal, Triathlon Esprit)

Préambule / Informations pratiques

  • Dernier repas : Nouilles complètes avec sauce tomate/basilic. Pain (un peu) et fromage (un peu). Beaucoup de tomates cerises.
  • Lien : http://www.esprittriathlon.com/
  • couché vers 22h00 (Le même jour j'ai fait la sieste de 15h à 18h)
  • Réveil à 2h30 du matin pour manger :
  • 3 ensure * 260 Cal = 780 Cal
  • Pain aux noix = 200 Cal
  • Lait de soja = 100 Cal
  • TOTAL 1080 Cal, 4h30 avant le départ
Réveil & déplacement

Cette fois j'ai eu le privilège d'être hébergé chez Sandra et Marc et j'ai été aux petits soins en plus d'avoir très très bien dormi dans un futon ikea que j'ai été le premier a étrenner !

Réveil à 5h00. Petit déj très léger : lait de soja et demi bagel

Départ à 5h45. Marc m'accompagne et c'est pas mal plus sympa que d'y aller tout seul.

Psycho : À ce stade la tête a tendance à s'emballer. Suis-prêt ? Que fais-je dans cette galère ? Pourquoi faire cela ? Il faut être fou, etc. Mais bon, le voyage ne prend que 10 minutes.

Arrivée sur site, voiture garée à 6h00. Juste ce qu'il faut !

Vidage de la voiture en essayant de ne rien oublier. Cette fois-ci, je rempli mes bidons d'eau et je m'assure de ne pas les oublier !

Dernier gonflage des pneus à 120 PSI.

Marquage traditionnel. Le temps semble clément et chaud : environs 15 degrés.(bref, on se fait dessiner au crayon indélébile un numéro, 21 dans mon cas, sur mollet gauche et droit, biceps gauche et droit, l'âge sur le mollet droit) puis direction le parc à vélo pour installer le matériel. Il fait chaud ce matin (genre 18 degrés) et cela ne présage rien de bon pour la suite (chaleur chaleur !). Pas de vent du tout et l'eau est très calme.

Retour au parc à vélo pour tout préparer. Marc m'apporte une aide précieuse (logistique) et en profite pour me mitrailler avec l'appareil photo de Sandra le lâche.

Nous avons une belle caisse que j'organise en strate temporelle inversée : au fond les affaires de course à pieds, par dessus celles de vélo. Naturellement, quelques visites au toilettes afin d'être le plus léger possible mais surtout de ne pas avoir de problème digestifs lors du vélo et de la course à pieds ;-)

Quand tout est prêt, il est 6h30-35. Je range mes lunettes de vue dans leur étui et enfile ma combinaison. Pas si simple, comme d'habitude mais avec l'aide d'un sac en plastique tout va bien. Marc m'aide à fermer le derrière et attache la sangle d'ouverture dans le col.

Étape terminée vers 6h45. Il reste donc quinze minutes à "tuer". En temps normal, pour la plupart des compétitions, j'ai tendance à être "trop plein d'adrénaline" avec le palpitant dans les 120 et + pulsations en attendant le coup de canon.

Fort de mes expériences, je m'attache à au contraire faire le vide et me calmer en me mettant pas mal à l'écard à une dizaine de mètres du départ ou certains sont déjà en train de nager. J'ai décidé pour ma part d'entrer dans l'eau au tout dernier moment et de ne pas m'échauffer. J'ai aussi décidé que la natation serait plaisante cette année à condition que je glisse bien sur l'eau et que je prenne mes distances du pack : j'ai prévu de partir au fond à gauche donc loin de la zone de contact afin de ne par rompre ma concentration.

Assez peu de doute à ce stade : j'ai déjà fait quelques fois plus de 4km en entrainement et je sais que si j'arrive à rester calme et lucide, tout va bien se passer. Mon travail à ce stade est donc exactement celui-ci : rester calme et lucide ! Pas si évident de contrôler ses hormones car en vérité, la tension monte : le speaker annonce le départ proche, puis il demande à tout le monde d'aller en aire de départ, meeting de début de course.

Nous allons faire deux fois la même boucle de 1.9 km. Après la première boucle on sort de l'eau, on sort du bassin, il faut alors passer sur le tapis à droite puis redescendre dans le bassin pour le deuxième tour de piste. L'eau est à 18 degrés (si je me souvient bien!) et la combinaison est donc autorisée pour touts les courses (du sprint à l'ironman).

Cette année, du sable a été mis sur le plan incliné : c'est tres efficace car personne ne tombera au contraire des années précédentes ! Merci les organisateurs ;-)

J'échange quelques mots avec deux athlètes qui sont également placés en fin de pack dont une gent dame qui affirme qu'elle sera la dernière de toute façon. Je lui dit que rien n'est moins sur et que nous allons donc nous concurrencer ;-) afin de détendre un peu l'athmosphère.

Une minute avant 7:00 je vais dans l'eau que je trouve fraîche : je me mouille en entier ainsi que la tête et mes lunettes. Après avoir craché de dans comme il se doit (pour éviter la buée) je positionne le tout et me voici prêt à partir...

Et "Poooooooonnnnnnn" *(corne de brume)*, c'est le départ. Pour la première fois de ma vie, en compétition, je m'éclate vraiment en natation ! J'ai laissé partir le pack et j'ai très facilement trouvé mon rythme. L'eau est calme et claire et je suis les bulles des plus rapides. J'arrive même à faire du "drafting" c'est à dire suivre quelqu'un de très près (soit au niveau des pieds : dangereux ! soit au niveau du bassin) pour bénéficier de leur effort et du déplacement d'eau qu'ils crééent.

Je prend beaucoup de plaisir en allongeant mes mouvements, en ne battant pas des pieds ou presque sauf lors des respirations. Le secret pour moi a été de respirer ... quand j'en ai envie. Donc pas de règle imposéée : tous les trois mouvements ou les deux ou etc. J'avoue qu'en piscine je m'astreignait jusqu'à récemment à une respiration tous les trois battements pour être bien symétrique. En pratique : c,est un frein important. J'ai vu de nombreuses vidéos de natations et j'ai vu plusieurs champions faire ... ce qu'ils voulaient. Donc moi aussi me suis-je dit. En tout cas, en eau libre, c'est très important de ne pas être rigide : c,est l'environnement qui décide quand on peu respirer ou ... quand on ne peut pas (vague, athlète, bouée, etc.).

Mon premier quart de course se passe très bien et je remonte ce que je pense être le pack principal : pas mal de monde et beaucoup de déplacement d'eau. Je m'installe sur le coté et avance donc tranquillement.

Pour mon futur malheur, le froid commence à se faire sentir dans mes extrémités (bras, jambes surtout). La tête aussi est un peu "raide" mais sans plus. M'enfin, grisé par ma positive expérience, je n'en tient pas vraiment compte et j'ai même tendance à accélérer pour rattraper un autre "grupetto" (comme diraient les cyclistes!). Là encore, c'est la première course ou j'arrive à me situer et à prendre des décisions en terme de vitesse et de stratégie de course.

Je termine mon premier demi tour en 35 minutes et je suis très impressioné par mon résultat. Cependant, en sortant de l'eau pour courrir et replonger dedans, je sens mes jambes "crampées" ou presque et mes pieds sont raides tandis que je grelotte franchement et ce même si ma sortie hors de l'eau ne m'aura pris qu'une vingtaine de secondes...

La course du demi-ironman a été lancée à 7h30 soit 5 minutes avant. Tout au long de la deuxième partie de ma course, je vais donc rencontrer des athlètes au bonnet blanc que je vais doubler avec un certain plaisir : non pas pour "les battre" mais parceque, dans l,eau, cela donne un repère intéressant à atteindre au lieu de faire une course monotone et dans la solitude totale.

La deuxième moitié du parcours sera moins glorieuse que la première : le froid ressenti se fait plus pressant et je vais avoir plusieurs crampes aux mollets chose qui ne m'était arrivée que très légèrement en piscine lors de séries de 100m rapides. Il m'a fallu improviser une méthode d'étirement et de relaxation pour pouvoir continuer. Je n'ai pas vraiment changer de style de nage simplement j'ai agité mes jambes plus souvent afin de leur donner un peu de chaleur mais sans solliciter les muscles qui crampaient ! Tout cela devait donner à mon crawl un style bien étrange.

Avec le froid, j'ai aussi commencé à avoir un peu mal au ventre. Ce problème m'accompagnera beaucoup et pendant tout cette spéciale journée ;-(

Le mental dans tout cela : on dit que l'on ne peut pas gagner un ironman en nageant mais qu'on peut le perdre. Je mesurais pleinement le sens de ces paroles à ces instants de crampes et j'avoue que lors d'une série pénible, l'abandon m'a naturellement éfleuré l'esprit. Mais les heures d'entrainement (certains très difficiles!) m'ont bien servi : je savait être capable de faire cette distance à ce stade de la compétition et j'ai donc pris mon mal en patience et me disant que cela allait s'améliorer.

Cela a effectivement fonctionné et dans le dernier quart, j'ai trouvé un rythme intéressant et mes pensées positives n'ont pas arrêté d'envahir mon esprit.

Petit incident tout de même : alors que je doublais un autre athlète (demi-iron man car bonnet blanc), ce dernier a brutalement accéléré et/ou été surpris par ma présence. En faisant cela il m'a décoché un solide coup de pieds dans les lunettes qui m'a fait mal à la paumettes droite et aussi décollé mes lunettes.

Il s'est excusé et a continuer sa route. Pour ma part j'ai pu appliquer la technique ad'hoc : demi tour sur le dos, réinstallation des lunettes et demi tour sur le ventre. En quelques secondes j'étais opérationnel : vive l'entrainement ! Cela fonctionne bien ;-)

En vérité, suite à ma sortie lors du premier 1900 m, j'appréhendais beaucoup ma sortie de l'eau : froid et retour des crampes ne m'enchentaient pas. Mais enfin, là encore, je focalaisait sur la transition : on répète mentalement les actions que l'on doit faire afin de pouvoir passer en mode automatique et les effectuer dans le bon ordre sans en oublier aucune. Ceci est très proche de la méthode "GTD" (chercher "Getting Things Done de David Allen, je le conseille à tous) : si la liste de tâche que l'on doit accomplir est déjà effectuée, la faire ne demande que très peu "d'énergie mentale". Au contraire, si on ne sait pas par quel bout commencer, on risque fort de se retrouver à ne rien afaire et à procrastiner surtout lorsqu'on est fatigué / sans énergie mentale.

Bref, au lieu de broyer du noir, je répète les étapes...

Puis arrive le plan incliné de la sortie. Il faut aller tout droit, passer sur le tapis rouge et courrir au vélo. Très honnêtement, je n'ai que peu de souvenir de cette transition : j'ai froid, je ne voit pas grand chose (le jour s'est levé et je n'ai pas encore mes lunettes donc tout est un peu flou). J'appercois Marc qui prend des photos et m'encourage "Aller Ben". Le temps aussi 1h18.

Je visais 1h15 donc jusqu'ici, tout va bien. Mon deuxième tour de 1.9km m'a donc pris 43 minutes. Le premier 35. La cause est connue (gla gla, voir plus haut!). C'est curieux car il y a quelques années, j'aurai pu nager pendant deux heures dans une eau comme celle-ci sans avoir froid (il faut dire que j'avais un enrobage significativement plus important. Autre facteur : je n'étais pas végétarien...).

La transition se passe plutôt mal : très mal au ventre et donc naturellement visite aux toilettes. Sans entrer dans les détails : bonne vidange! Par chance il n'y a personne mais j'y reste cinq bonnes minutes : complètement congelé et tremblant avant que mon cerveau ne reprenne le dessus et c'est en mode très automatique que je fait ma transition. Les doigts gourds il m'est difficile de faire les tâches simples. J'ai la machoire serrée et elle ne se désserra pas avant plusieurs minutes de vélo sous le chaud soleil naissant ;-)

Bref, après une transition de presque 9 minutes, j'enfourche ma bécane et me voilà parti pour un petit périple de 180 km de vélo sur le circuit de formule 1 de Montréal. 41 tours. Jamais fait de ma vie "tout seul". J'ai déjà fait un 160km et deux 150 km en Estrie (i.e. : avec plus de 1000m de dénivellé positive à chaque fois) mais rien ne m'avait préparé vraiment à cette situation !

Je démarre complètement congelé : les bras tremblent, les jambes aussi et j'ai la machoire serrée. Je réprime autant que possibles les tremblements qui nuisent à ma coordonation tout en sachant que d'ici peu mon corps va générer beaucoup de chaleur qui va chasser les frimas.

Je regrette mes "couvres bras" et "jambières" et je met plus de 6 tours (plus de 40 minutes) à me réchauffer et à être à l'aise sur le vélo. Deux facteurs : réchauffement du corps par l'activité physique mais aussi et surtout le soleil qui montre de plus en plus le bout de son nez.

Le circuit lui même est tout mouillé et par endroit on y trouve des feuilles et même des morceaux de branche. Quelques gravillons également. Bref, j'ai connu "plus propre" ;-)

Ma stratégie en vélo est la suivante : quatres courses de 45 km. La première course : se nourrir pour la suite et y aller tout doucement. Deuxième course de 45 km : accélérer un peu et ne pas se bruler. Troisième course : conserver le rythme. Quatrième course : conserver un bon rythme et s'il me reste de l'énergie l'utiliser. En fin de course : faire tourner les jambes à un petit développement toujours au dessus de 90 tours minutes afin de se préparer à la course.

Au niveau alimentation j'ai plein plein de calories sur moi : 4 barres "semi-solides" spécialisées (250 Cal chaque), 1 banane (100), 1 bagel au beurre d'amande (300), 4 gourdes de boisson sportive (100), une flasque de gel (1000). En tout donc 2800 Calories.
Je ressemble à un garde manger roulant ;-)

Mon but est de tout manger mais cela n'a pas été possible. La première course n'a pas démarré comme prévu : le froid m'a empêché de manger autant que je l'aurai voulu et, en particulier, mastiqué n'a pas été possible avant plusieurs dizaine de minutes et c'était le moment ou j'avais prévu de manger "solide" (Bagel + banane). Je n'avais pas pris d'eau ! En fait j'ai d'habitude toujours une gourde d'eau mais la veille au soir, j'ai décidé de ne pas en prendre ;-( et sans eau le bagel est difficile à avaler. La banane est bien passée em revanche.

J'ai vidé la moitié d'une gourde et je ne suis décidé à aller prendre de l,eau au ravitaillement : ils ne donnaient qu'une toute petite bouteille que j'ai bu à moitié et transféré dans ma gourde pour l'autre partie.

Que dire du vélo : je ne suis pas allé vite. Dans le premier quart, moins de 130 pulse. Dans le deuxième : moins de 150. Pour les autres, j'y suis plus allé "au feeling" mais sans jamais me mettre dans le rouge. Pour vérifier : je parlais à voix haute ou chantait des chansons. Pas d'essouflement = j'ai un bon rythme. Essouflement = je ralentis un peu.


Un arrêt pipi en fin de première course (45 km quoi). Deux arrêts aux toilettes en fin de course 2 et fin de course 3 pour de petits prolèmes gastriques. Relié au froid initial ? Relié au fait que je n'avais pas d'eau pour "chasser" la nourriture solide ? Je ne sais pas trop mais cela n'était pas très agréable et est certainement perfectible.

En fin de deuxième course, après 80km environs, toute la famille est arrivée pour me soutenir : Évelyne, Pierre, Céline, Caroline, Aurélie et Arthur ! Que cela fait du bien ;-) C'est assez incroyable mais cela donne une motivation incroyable et met le sourrire sur mon visage à chaque tour ! J'en profite pour refiler ma gourde et pour la récupérer pleine d'eau (yahoo!) le tour suivant...

Sur le circuit quelques aventures tout de même :
* Pendant plusieurs tours, un renard perdu a fait craindre le pire à la majorité des athlètes engagés ;-) Il ne savait pas trop ou aller et avoir un accident avec un renard pendant un ironman serait tout de même un peu stupide ;-) Il disparait vers 10h et je ne le reverrais plus de la journée.
* Une marmotte fait de même dans les surfaces gazonnées après la montée : elle cherche à manger et récupère, je pense, les emballages de gels et autres déchets (peau de banane, etc.) laissées par les athlètes ! Elle risque une overdose de sucre la pauvre !
* Moins champêtre : pendant plusieurs tours, à la sortie de la descente, après le virage, une athlète est restée étendue avec des soigneurs. Elle est restée consciente tout le temps mais visiblement pas transportable sans ambulance. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé. Après tout de même plusieurs minutes (deux ou trois tours soit 15 à 30 minutes en gros) une ambulance escortée par les motards de la sécurité sont venu l'emmener à l'hôpital. Pas de nouvelles mais j'espère qu'elle s'en est bien remise.

Que dire de plus du vélo : 180 km c'est tout de même une assez longue distance en solitaire. En effet, les règles traditionnelles du triathlon interdisent à des athlètes de rouler "en peloton" (Comme le tour de france) : chaque concurrent doit fournir son propre effort sans bénéficier de l'effort des autres. On doit donc observer un écart de 5m (profondeur) ou 3m (coté) ou alors doubler en moins de 20 secondes lorsque l'on rentre dans cette zone. Des arbitres à moto et en vélo surveillent cela ("Drafting" en anglais, sillonage en francais ?).

Bref, on roule "tout seul" comme les contre la montre du tour de France. C'es donc un effort beaucoup plus important et surtout sans période de repos possible. Le but est donc de trouver la puissance que l'on peut développer pendant 5 à 6h et ... de s'y tenir. Pas plus haut ni plus bas.

Cela assure que chaque athlète qui a fait le parcours vélo a fait le même effort. Pas d'entraide possible.

Bon au final, j'ai terminé en 5:25:37 soit 33.1 km/h de moyenne. Je visais 5h30 donc tout va bien. Je n'ai pas l'impression d'avoir forcé et à part l'estomac, aucune douleur au niveau des jambes et aucune sensation d'épuisement ou d'effort intense.

Arrivé à la ligne rouge, je démonte avec précaution ! Mes jambes semblent vouloir bien fonctionner et on "déroule". Avec des chaussures de vélo, pas évident ! Je vais sans doute pratiquer cela pour l'année prochaine...

Transition sans presse : je sais intuitivement que je n'ai encore rien fait. J'ai décidé d'aborder chaque épreuve comme si elle était une autre épreuve afin de conserver ma fraîcheur mentale. Je cherche un peu mes affaires, mon dossard que j'avais "clipsé" sur ma ceinture élastique s,est déclipsé et j'ai mis plus de 1-2 minutes à le réattacher. Je fini par taper dessus à coup de chaussure de vélo pour que cela finisse par faire "click" !

Un peu énervé par l'évènement, je débute donc le marathon. J'ai divisé ma course en quatre courses 12km, 12km, 12km et 6km. À Ottawa, j'ai trouvé les 6 derniers km les plus difficiles et j'ai donc ajusté le tir en conséquence.

Le parcours consiste en 9 tours du bassin de natation (ou nous avons nagé il y a quelques heures). Je débute la course à pieds aux alentours de 14h00 et sans le vent du vélo ... il fait très chaud ! Cependant. les pieds fonctionnement bien et je dirais même que les jambes sont contentes de se dégourdir et de changer de mouvement après les 180km de vélo.

Premier tour : relax et tranquille. Simplement pour s'habituer à changer de sport. Le but est de prendre ses marques sans se laisser griser par les sensations (bonnes ou mauvaises!). J'utilise mon cardio et mon accéléromètre et je fait dans les 10 à 11km/h ce qui me semble très bon. Cardio en dessous de 150.

J'ai une jambe, la gauche, qui commence à me faire mal au niveau de la cheville gauche. Étrange, cele ne m'est pourant jamais arrivé. Des explications un peu plus loin...

La suite est moins joyeuse et beaucoup plus pénible : plus le temps va passer, moins je vais pouvoir aller vite. Impossible de trouver mon allure de compétition soit environs 12km/h qui est ce que j'avais prévu comme vitesse. Je n'y arriverais tout simplement pas de l'après-midi.

Je bois qqchose à chaque ravitaillement et je me verse un vers d'eau sur la tête ou sur le corps afin de me rafraichir. Une bonne partie du parcours est le long de l'eau avec le soleil qui s'y reflète et sans aucune ombre. L'autre partie est ombragée et le soleil dans le dos ou presque.

Lors de mes passages (aux 30 minutes environs), je tombe sur mes beaux parents, sur les enfants en train de sauter dans l'eau, le sourrire jusqu'aux oreilles, sur Arthur en train de dormir. Dans tous les cas, pleins d'encouragements à chaque tour et c'est donc le coeur léger et plein d'entrain que j'aborde chaque nouveau tour.

Après 4 ou cinq tours et donc à mi course, je suis envahi par un doute. Ma vitesse semble aller décroissant et j'ai déjà passé plus que deux heures pour faire la moitié. Je sais donc que mon objectif de 4h semble ... irréaliste et ce d'autant que cela ne va pas vraiment "de mieux en mieux". Je me surprend encore de ce que peu faire la volonté humaine ;-)

Je pense donc en moi même que rendu à ce stade, il est complètement stupide de même penser abandonner ! Je travaille cependant sur des objectifs à court terme qui soient atteignable même si tout va mal : le prochain virage, le prochain ravitaillement, etc.

Caroline arrive et fait un bon km avec moi avec ses patins à roulette et j'avoue que ... j'avance sans problème. Elle me demande tout de même pourquoi je vais si doucement (j'ai déjà fait pas mal d'entrainements en course à pieds et elle à roller et d'habitude c'est moi qui l'attend ;-). La vérité sort toujours de la bouche des enfants.

À ce stade, ma cheville gauche me fait vraiment mal,un peu comme une périostite / shin splint (déjà vécu au rugby). À force de regarder ma cheville pour chercher à comprendre, je réalise que j'ai mon "Championchip", c'est à dire la puce électronique qui sert à mesurer les temps de passage ! Le ruban élastique est visiblement trop serré et/ou cela a affecté ma cheville de la garder pendant plus de 9h déjà du même coté. Je m'arrête donc pour changer la puce de coté et cela me soulage immédiatement un peu. J'ai cependant eu la cheville gauche raide toute la suite de la course et même pendant plusieurs jours après (en plus d'un bleu et d'un belle irritation des tendons !).

À mi course (il me reste 4 ou 5 tours, je ne sais plus trop !), Marc arrive avec Sandra. Il me demande si j'ai besoin d'un partenaire pour la suite. Je lui dit je ne sais plus trop quoi mais il ne fait ni une ni deux : il pose ses affaires et ... vient avec moi pour disons, les 20 derniers km (je ne sais plus trop car je ne pense pas avoir été très lucide à ce stade).

Marc a vraiment tout fait pour me facilité la vie. Il a été aux petits soins : de l'eau dans une bouteille pour boire quand j'ai soif, il m'a raconté plein d'histoire pour me faire rigoler et forcé à manger tout un tas de trucs de peur que je n'ai plus d'énergie en plus de me prodiguer force encouragement dès que j'accélérais un peu ou lorsque je repartais suite à une pause santé ou à un ravitaillement.

Je ne me souviens pas vraiment des détails si ce n'est certains trucs : "Visualise toi comme un kenyan" (bon, il me resservait ma médecine car je lui en avait déjà parlé lors de certains entrainements ;-), "t'arrête pas sinon tu ne vas pas repartir", "mange du gel benoit, il te faut de l'énergie", etc. Encore merci Marc, je suis désolé de ne pas me souvenir de tout ce que tu m'as dit mais sur le moment, je sais que cela me faisait beaucoup sourrire ... intérieurement ;-)

Mon estomac me fait de plus en plus souffrir et j'ai de plus en plus de mal à avaler du gel. Je me rabat donc sur gatorade, eau et vers la fin de la course, ce qui va me faire vraiment envie (pastèque / melon d'eau, coca). J'évite de plus en plus les solides car chaque ingestion occasionne des douleurs abdominales (j'ai un bon jeux de mot que je fait toujours : abdominable !) de plus en plus intenses et e finirais donc uniquement au liquide. Au grand dam de Marc qui voulait absolument me faire manger toute ma bouteille de gel ;-))))

Ma stratégie est de ne pas visualiser l'arrivée mais un objectif proche : la prochaine table, les enfants. Caroline a fait un km ou deux avec moi pieds nu. Tout le monde attend que je finisse mais je n'y crois "vraiment" (oui, oui, une partie de moi, rationnelle, y a "toujours" cru mais plus comme une hypothèse de travail que comme quelque chose qui va se réaliser un jour) que dans le dernier tour.

Au dernier tour, on prend un espèce de bracelet orange fluo qui indique à tout le monde que ... l'on a presque terminé. Tous les bénévoles et les spectateurs s'en donnent alors à coeur joie pour vous motiver et vous encourager à terminer.

Je sais qu'il reste moins de 5km et je suis prêt à les faire en rampant. Marc en profite pour solliciter ma testosterone : "On va les doubler facile ces deux là, etc." ;-) Impression ou réalité, je pense être allé "plus vite", 1km/h peut être. En tout cas, il me restait des réserves, c'est sur.

Dans la dernière ligne droite, tout plein d'émotions et de sentiments que je garderais pour moi faute, de toute manière, de pouvoir les exprimer en mot et donc les partager. Joie, peine, plaisir, souffrance : un peu de tout cela mélanger à une sauce endorphinienne ... tout à fait légale !

Lors que l'on voit l'arrivée c'est magique. Une libération : toute la pression accumulée dans la journée se libère en un temps record. On court de plus en plus vite (sprint est sans doute exagéré à ce stade !) et on va vers la libération.

Franchir la ligne est unique et incroyable. La gorge est serrée dans mon cas par l'émotion et on ne sait pas trop comment la faire sortir. L'incroyable est réalisé, des centaines d'heures d'entrainement ont permis l'impossible et la volonté a triomphé du monde physique. La joie est submergeante et je la partage volontier avec mes proches que je remercie vivement : sans eux, sans leurs encouragement, je ne serais pas ici. Préparer un Ironman demande un engagement de toute la famille pendant de long mois...

Médaille et chandail de finissant me sont remis. La redescente sur terre est longue et difficile : pendant 11h38 j'étais dans un monde intérieur, entièrement orienté vers un objectif préparé depuis plusieurs mois/années (en y réfléchissant bien!). Il faut maintenant reprendre "une vie normale" et l'on prend de plus en plus conscience des efforts consentis par notre carcasse qui n'aspire qu'à se reposer. Quelques étirements, marcher un peu. Boire boire boire. Froid/frissons lorsque l'effort s'arrête. Le rythme cardiaque ne semble pas descendre vite comme si on était entré dans un espèce de "régime permanent" dont le corps répugne à sortir.

La réalité nous rattrappe lorsque tout le monde souhaite plier bagage. Une bonne douche, acte simple de la vie quotidienne devient un acte long et complexe tant les muscles sont raides.

Bilan des courses (au niveau bobo!) :
* une ou deux toutes petites ampoules
* quelque coups de soleil (derrière les genoux en particulier) mais pas tant que cela tout de même
* brulure prononcée des deux coté, derrière le genou, 3cm au dessus de l'axe du genou. Je pense que c'est relié au vélo + sueur. La peau a craquée et est à vif. Rien de bien majeur.
* Estomac / système digestif : complètement out. Ne boire que des trucs sucrés et ou /gel pendant plusieurs heures n'est pas très plaisant pour l'organisme. Pas faim du tout même si je sait qu'il faut manger
* Cheville gauche : très gonflée sur le dessus à cause du championship. De la glace va venir corriger tout cela très vite.
* Mollet droit très raide : sans doute en compensation du problème de la cheville gauche. Il faudra plusieurs jours pour que cela passe
* C'est tout ;-)

  • Total : 11h38:28
  • Classement : 3/7 dans la catégorie homme 35-39, 26ème sur 63 participants
  • Natation : 1:18:26 soit 2:04 au 100m.
  • Vélo : 5:25:37 soit 33.2 km/h
  • Marathon : 4:38:50 soit 6:37 au km, 9.1 km/h
  • Résultat complet : site de sportstat
Note : temps de transition total de 15 minutes ou presque. Très facilement perfectible.

MERCI à mes parents (et oui, ils m'ont permis de rêver et de penser que rien n'est impossible), à ma doudou (elle supporte mes projets les plus fous depuis ... quelques années), à mes enfants (ils ont tellement d'énergie et mettent du piment ... dans ma vie!), à mes beaux parents (pour avoir été présents le jour J), à Sandra et à Marc (un demi marathon au pieds levé, les encouragements et tous les trucs que tu m'as raconté pour positiver et continuer à avancer), Fernando (il m'a donné la piqure et il n'arrête pas de répondre à mes questions à propos du triathlon en général et de l'ironman en particulier)...