06 octobre 2012

Robolution, économie du savoir et destruction de la valeur travail

Introduction et définitions


Quoiqu'il n'existe pas de définition officielle de la "Robolution" par l'académie française ou par l'office québécois de la langue française c'est une réalité qui est en train de nous rattraper à très grande vitesse.

Sans prétention d'exactitude littéraire, sociale ou économique, j'aimerai proposer ici une certaine interprétation des mots qui composent robolution et de m'en servir ensuite pour envisager l'avenir.




C'est une contraction des mots "robots" et "révolution". Cela s'utilise en français comme en anglais (sans accent). Cela signifie donc, en quelques sortes, la révolution par les robots.

Le mot révolution peut apparaître comme "fort" puisque, les révolutions sont des transformations majeures et rapides de la société qui, le plus souvent, font des milliers/millions de morts pour les plus récentes dans les pays les plus peuplés (en particulier Russie/Staline, Chine/Mao). Cela s'accompagne d'un changement complet du système social et politique.

Présent : émeutes et informations

Alors pourquoi parler de Révolution ? Cela peut sembler bien fort. Je vais simplement mettre quelques images fortes qui devraient vous convaincre que la situation est grave, explosive et disons le, révolutionnaire.

Pour mémoire, cela se passe dans le pays le plus peuplé du monde. Cela concerne directement la plus grande capitalisation boursière (Apple) et son produit phare l'iPhone5.

À son tour, Apple et son produit phare, d'après J-P Morgan représente entre .25 et .5% de PIB Américain !

Enfin, rappelons que se tient, en ce moment même, des élections aux états-unis et que chaque micro bonne-nouvelle économique favorise le président sortant qui souhaite, naturellement, être réélu.

Que peut-on apprendre de la situation?


Avant la mondialisation à outrance, les objets étaient fabriqués aux USA. Les retombées économiques étaient donc multiples pour les USA : un peu pour les employés, un peu pour le management, un peu pour les actionnaires et beaucoup pour l'état (charges sociales, impôts sur les bénéfices).

Depuis la mondialisation, qui a modifié en profondeur la répartition des recettes en faveur du capital au détriment des employés d'une part, et permis de délocaliser la production d'autre part, les bénéfices de Apple ne profitent presque plus, exclusivement, que à ses actionnaires qui sont, pour l'énorme majorité des actionnaires institutionnels ou des fonds qui participent donc joyeusement à la finance mondiale et à ses dérives (on les appelle maintenant, de plus en plus, les banksters). Enfin, toutes les multinationales pratiquent l'évasion fiscale via des paradis fiscaux divers : l'état ne retire plus que 1-3% des profits réalisés par ces groupes (Apple, Microsoft, Google, etc.)

Mais alors, pourquoi les ouvriers Chinois sont-ils révolutionnaires ? Pourquoi prennent-ils autant de risque face à un pouvoir central et à des employeurs qui ne sont pas, on s'en doute, favorable à la situation. Pourquoi risquent-ils leur vie ?

D'une part, Foxconn, a tout simplement annoncé qu'ils souhaitaient déployer 1 million de robots d'ici trois ans pour leurs nouvelles usines. Un robot remplace jusqu'à 4 travailleurs.

D'autre part, le niveau de vie étant en train d'augmenter en Chine, surtout dans les régions industrialisées, on est dans les balbutiements de ce que les pays occidentaux ont connus au début de la révolution industrielle à savoir une négociation entre les travailleurs et les détenteur du capital.

Futurologie : des robots ... plus aucun travailleur ?

Hélas pour les humains de Chine : il n'ont plus aucun pouvoir de négociation. En effet, puisque le coût d'achat et d'opération d'un robot (pour les tâche simple) est bien moindre que celui d'un employé, pourquoi avoir des employés ? Bref, Foxconn envisage de mettre des centaine de milliers de personne au chomage (en fait, 4 millions si le plan de robotisation se concrétise) et de les remplacer par des robots. Plus de syndicat, plus de condition de travail, des coûts fixes, pas de grêve, de manifestation, de revendication : Les avantages pour la compagnie sautent aux yeux.

Aujourd'hui, cependant, les pouvoirs politique et capitaliste chinois ne peuvent pas réprimer ces manifestation dans le sang pour deux ou trois raisons.
1) Apple est sous observation, en particulier, pour les conditions de travail de ses sous-traitants dont Foxconn.
2) Les actionnaires de Apple et le gouvernement américain ne peuvent pas se permettre de voir son cours de bourse diminuer ou .25 à .5% de PIB partir en fumée
Bien sûr, ces réactions seraient accentuées car en cette période de lancement du iPhone5 le cours de bourse pourrait dévisser de manière plus que significative.

Bref, il y a fort à parier que le gouvernement Chinois ne souhaite pas acheter 1 million de robots allemands ou japonais et priver d'emploi 4 millions de personne : La crise arrive en Chine et, tout autocratique que soit le régime, une révolution, dans les zones les plus développées de chine, serait une quasi-certitude...

Les usines du futur 


Quelques humains, des millions de robots. De gigantesques bâtiments non éclairés de plusieurs hectares avec une vingtaine d'être humains dans des cages de peur qu'un bras robotisé ne vienne détruire la fragile vie biologique. Contrôle à distance complet de toute la chaîne de production.

Les impacts sur notre société vont être d'une violence inouïe. Pas besoin de science fiction pour comprendre que, quand on pourra fabriquer un robot avec un robot, un cycle de développement nouveau va commencer pour l'humanité et que cela va singulièrement améliorer la technologie ce qui va justifier, encore et encore, le remplacement de travailleurs humains de plus en plus spécialisés et créatifs par des robots.

Dans ce cadre, la répartition des profits de tout objet matériel fabriqué va encore singulièrement se modifier : des profits pour les compagnies de robotique, les ingénieurs robotiques et surtout ... les actionnaires. Plus de travailleur ou presque. Les usines qui vont, à nouveau, se rapprocher des lieux de consommation à savoir l'europe et les USA mais sans aucun emploi créé dans ces pays...

La notion de travailleurs qui ont modelés, depuis l'antiquité, la valeur travail qui va complètement s'effondrer. L'ensemble de notre cadre conceptuel va alors éclater et les sociétés être profondément transformées en un temps très court et, sans doute, avec beaucoup de violence. Mais que va t'il rester à l'homme pour s'accomplir ? se sentir utile ? contribuer à la société ?

Mais nous vivons du savoir et des services ... non ?


On pourra m'objecter que les compagnies de service ne seront pas affectées. J'ai deux arguments qui prouvent le contraire :
1) Si toute la création d'objets ne bénéficie qu'au fabricant de robots et aux actionnaires des compagnies. Qui va pouvoir acheter des services ? Qui va même en avoir besoin ?

2) Un argument technique : des progrès incroyables sont également en cours au niveau des robots "informatiques" en particulier pour tout ce qui touche à : la gestion du savoir et de la connaissance, la reconnaissance vocale. Les robot "Watson" de IBM a déjà gagné à Jeopardy contre les meilleurs êtres humains en utilisant la reconnaissance vocale et sans connexion à Internet. Anecdote me direz vous mais imaginez l'impact sur les sociétés de service ! Imaginez lorsque ces robots diagnostiqueront des maladies, trouverons tous les cas de jurisprudence concernant un procès et seront capable de transcrire

Conclusion : besoin urgent d'un nouveau modèle !

La crise économique et financière qui secoue le monde ne permet pas d'envisager cet avenir qui est loin des centres d'intérêt des médias de masse et encore plus loin des citoyens inquiets pour leur emploi et pour le futur de leurs enfants. Ne parlons pas des bankster qui, bien sur, bénéficient de toute transaction et de toute variation d'un prix (à la hausse ou à la baisse) : ils sauront survivre et continuer leurs casino géant (qui est, d'ailleurs, dors et déjà entièrement robotisé dans le cadre du "trading haute fréquence"). Par ailleurs, depuis Marx, et je m'excuse du raccourci rapide utilisé ici, il n'existe que peu d'évolution de la pensée sociale tout au plus des variations autour d'un même modèle ou des ajustements mineurs.

Cependant, il est urgent et indispensable d'envisager les conséquences sur notre société de la robolution qui est en cours. Quelques pistes :
1) Science-fiction : les travaux de Isaac Asimov sur les lois de la robotique.
2) Le Bouthan et son "indice de bonheur brut"
3) et pourquoi pas Amartaya Sen et ses recherches sur "l'économie du bien être"

Conclusion : pessimisme et fin des structures sociales


Pour maintenir les structures sociales actuelles, il faudrait, pour maintenir la répartition actuelle du travail que, pour chaque robot mis en place, on continue à payer un/des êtres humains du montant économisé. Une sorte de "taxe robot" qui permette de redistribuer les gains de productivité ... à des humains.

C'est bien sur illusoire  : la mondialisation l'a prouvé. Le pouvoir de prendre de telles mesures a été retirés des hommes politiques et des citoyens par les milieux financiers et l'absence de gouvernement mondial qui pourrait imposer de telles lois dans tous les pays.

Sans aucune réglementation (comme forcer des ratio robots/être humains acceptable ou même interdire les robots), il est facile d'envisager des guerres commerciales et économiques majeures ou les victimes seront les travailleurs humains. Un peu comme la bombre à neutron qui laisse les bâtiments et les objets intacts, la robolution va laisser les infrastructures physiques en place mais renvoyer chez eux, sans avenir et sans emploi, des milliards de travailleurs.

Si l'humanité ne fait rien et qu'elle pousse jusqu'au bout la logique capitaliste qui prévaut actuellement, seule une fraction de l'humanité s'enrichiera comme, par exemple, les designer de robots, les programmeurs/surveillants de robots ainsi que les banksters.

Sans parler de l'évolution en cours de l'informatique, à qui rendrons nous des services et quels en seront la nature ? Quels seront les besoins de l'humanité en terme de service ? Comment l'être humain s'accomplira t'il lui qui passe l'essentiel de sa vie ... au travail ?



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